Suivant la loi du 11 février 2005, qui impose aux entreprises d'au moins 20 salariés de compter au minimum 6 % de personnes handicapées dans leurs effectifs, il y a en France (selon les derniers chiffres officiels) 97 200 établissements assujettis à l'obligation d'emploi de travailleurs handicapés. Or, en moyenne, ces établissements ne comptent que 2,8 % de personnes handicapées, bien en dessous du seuil légal de 6 %. Ces entreprises sont alors condamnées à verser des pénalités financières pour non-respect de la loi. En 2012, le montant de la « collecte » s'est ainsi élevé à 476 millions d'euros. Mais peut-on pour autant les taxer de mauvaise volonté ? Accueillir des travailleurs handicapés implique des moyens humains, matériels et financiers que beaucoup de petites et moyennes entreprises ne possèdent pas. C'est pourquoi, pour trouver plus facilement un emploi, il faut frapper à la porte des grandes sociétés !
Cibler les entreprises qui ont une mission handicap
Dans une étude publiée en 2013 et intitulée Les Jeunes diplômés handicapés face à l'insertion professionnelle, l'Apec (Association pour l'emploi des cadres) confirme que les grandes entreprises sont mieux « outillées » pour appliquer la loi du 11 février 2005 : « L'insertion professionnelle paraît particulièrement facilitée dès lors qu'il s'agit d'intégrer une entreprise de grande taille mettant en œuvre une politique active en matière de diversité et de handicap. » Ces grosses boîtes qui comptent plus de 900 salariés se sont dotées d'une cellule adaptée, appelée « Mission Handicap ». Celle-ci travaille en étroite collaboration avec le service du recrutement et les managers afin de vérifier que le profil du candidat (ses compétences d'une part, et son handicap de l'autre) est compatible avec le poste à pourvoir. La mission accompagne ensuite le nouveau collaborateur pour faciliter son intégration dans l'entreprise. De plus, très souvent, des partenariats sont noués avec des écoles et associations spécialisées, afin de faciliter le recrutement et l'accueil des jeunes diplômés handicapés. Certaines sociétés vont encore plus loin : dès 1992, quatre grands groupes (Total, Rhône-Poulenc, IBM et ELF) ont créé leur propre association, « Tremplin » (www.tremplin-handicap.fr), pour faciliter l'insertion professionnelle des personnes handicapées. Pour toutes ces sociétés, la mission handicap est devenue un enjeu important. Chez Orange, le géant de la communication, on annonce la couleur : « L'insertion, le développement professionnel et le maintien dans l'emploi font l'objet d'une mobilisation constante de notre Mission insertion handicap ». De fait, Orange salarie aujourd'hui près de 3 400 collaborateurs handicapés. La mauvaise nouvelle, c'est qu'en France, la firme compte 100 000 collaborateurs, ce qui ne fait donc que 3,4 % de personnes handicapées, en dessous des 6 % fixés par la loi… La bonne nouvelle, en revanche, c'est que pour atteindre le seuil légal, Orange recrute toujours !
L'assurance Agefiph
Les grandes entreprises qui, vu leur taille, paient de lourdes pénalités en cas de non-respect de la loi signent des conventions et accords avec l'Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées). Cet organisme collecte les pénalités et utilise ces fonds en faveur de l'emploi des handicapés. Les engagements pris par ces entreprises concernent principalement le recrutement et le maintien dans l'emploi des personnes handicapées.
Site utile : www.agefiph.fr
Savoir-faire et faire savoir
En matière d'emploi des handicapés, les grands groupes ont acquis un certain savoir-faire et ils le font savoir. En novembre, à Paris, se tiendra le 3e festival national du film d'entreprise « Emploi & Handicap ». Parmi les films sélectionnés on trouve des productions réalisées par LCL, La Poste, le Crédit agricole, GDF Suez, EDF, la SNCF, Eiffage, Generali…